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De fil en aiguille.
1 février 2012

Chapitre 1. Des cheveux soyeux.

Ilsa est née en 1555 à Copenhague dans une famille noble du Danemark, certes peu influente au niveau international, mais l’une des plus prestigieuses du pays. Enfant, Ilsa fût élevée comme une future Dame de haut rang, son éducation fût rude et périlleuse, cependant en grandissant l’adolescente comprit l’importance de son enseignement. Elle s’y imprégna donc corps et âme. Elle apprit l’étiquette, la conversation, l’écriture et la lecture, la couture et le tricot, ainsi que quelques notions de mathématiques. Plus tard, la jeune femme trouva un intérêt certain en ce qui concerne les arts, comme la peinture et la sculpture, mais malgré les incessantes demandes à ses parents, elle n’obtint jamais le droit de pratiquer. L’adolescence n’avait fait qu’embellir la jeune noble, autant sur le point physique que moral et quand il lui vint l’âge de se présenter à la société, la demoiselle fit grande impression. Dès lors, Ilsa appliqua tout ce qu’on lui avait apprit. Mais elle comprit que ce n’était pas assez, car la pratique diffère souvent de la réalité. Elle dut apprendre l’art du mensonge et de la dissimulation, sa franchise naturelle en prit un coup et la jeune fille se changea en femme du monde. Sa vie lui plaisait, elle se sentait à sa place dans à la cour.

Vint alors le moment où l’on commença à la courtiser. Au début, cela lui plût et l’effraya à la fois, mais elle n’était pas dupe, elle s’aperçut que tous ses prétendants n’étaient que des hommes qui cherchaient à s’approprier sa beauté et sa richesse. Ils posaient leur regard de prédateur sur elle, s’approchaient à pas feutrés et d’une voix mielleuse entonnaient le chant des tritons censés l’amadouer. Sourires, flatteries et mots d’esprits l’aidèrent à les repousser sans qu’ils ne soient offusqués. Mais un jour on lui imposerait un homme. Elle n’en avait nulle envie. Les livres parlaient d’amour véritable, c’était ce qu’elle recherchait. Les songes ne sont pourtant pas la réalité et il fut décidé que Mr James Bennet, duc of Bywell, serait l’heureux élu qui l’emprisonnerait à jamais. Peu après qu’elle eût apprit son mariage, elle vit son portrait. Elle le trouva trop vieux pour elle et même sa grande beauté n’y changea rien. Elle décida de le haïr. Elle détesterait tout ce lui, à commencé par ce regard hautain, il avait l’air si froid. Elle ne décela aucune tendresse dans la peinture. Sa bouche, trop fine, ne s’étirait pas même pour former un sourire. Jamais elle ne pourrait vivre auprès d’un homme tel que lui. Oh, comme Ilsa en voulut à ses parents, sa famille, au destin qui l’avait amené ici. Elle en vint même à regretter d’être née dans la noblesse ou de ne pas avoir refusé tant d’hommes par le passé. Nombreux lui semblaient plus attrayants que cet éleveur de mouton venu d’Angleterre. Non, elle ne voulait pas de ce prétendant. Il allait lui gâcher sa jeunesse. Jeune bouton de rose, elle fanerait avant d’avoir pu atteindre l’apothéose.

 

Déjà, la date du mariage avait été prononcée, elle se rapprochait irrémédiablement.

A cette époque, le droit des femmes était nul, elles passaient du joug de leur père à celui de leur mari, le fait d’être noble n’y changeait rien, le hasard de la naissance avait parmi à Ilsa de bénéficier d’une éducation ce qui lui assurait un futur bien meilleurs que celui de paysannes mariées par amour. Cela elle ne le savait pas encore.


Le jour du mariage fatal arriva.

Il devait se dérouler le soir, à la nuit tombée, selon la demande de son futur époux. Un illuminé aux principes étranges, voilà ce que pensait la jeune femme. Le jour vint, enneigé et froid, en ce début de décembre. En se réveillant, la demoiselle se sentit lasse et son appétit l’avait quitté. On l’aurait presque crue souffrante. Le poids d’un sombre avenir la tétanisait. Les domestiques la préparèrent au mariage, sa mère restait à ses côtés à vanter la superbe de son futur mari, sans se rendre compte que ses paroles enserraient le cœur de sa fille. Celle-ci d’ailleurs agissait comme un pantin sans âme. Elle obéissait, faisait des gestes par manie ou habitude. Elle n’était plus elle-même. Son visage était fermé, son visage de poupée était affublé d’un sourire las, ses yeux étaient lointains, tandis qu’elle revêtait la robe magnifique qui avait été cousue sur mesure. Elle rêvait d’une délivrance, qui d’ailleurs tardait trop à venir. Elle avait pensé à se donner la mort, mais elle n’avait pu s’y résoudre car elle trouvait sa vie bien trop importante, même si elle devait devenir l’esclave d’un homme.

Une fois sa toilette terminée et tous ses atours savamment déposés sur elle, la demoiselle se regarda dans le grand miroir. Elle était splendide. Pendant un instant elle ressentit du plaisir. La vue de son reflet lui procura de la satisfaction. Elle était un magnifique présent pour un duc inconnu. Dans sa robe immaculé, faite de dentelles et de tissus les plus fins, elle n’aurait pu être plus parfaite. Plutôt petite de tailles, Ilsa semblait agrandie par la forme de cette robe, qui parvenait à lui gonfler les seins et les hanches. Ses cheveux d’ébène étaient relevés en un chignon élaboré, avec de nombreuses tresses, si parfaitement organisé que l’on aurait pu la prendre pour une femme du monde occidental vivant dans les lieux les plus chics de Paris. Le contraste de sa chevelure avec sa tenue la rendait d’autant plus remarquable, d’ailleurs l’artisan couturier n’avait rien laissé au hasard, ainsi tout autour de sa gorge et à d’autres endroits avait été cousu de la fourrure de léopard blanc tachetée du noir le plus profond. Ainsi vêtue toute femme se serait sentie prête à conquérir le monde. Mais une fois le moment d’étonnement passé, la jeune femme se renfrogna. Elle ne serait bientôt plus rien.



Alors qu’elle se rendait en carrosse à la grande cathédrale, Ilsa commença à vraiment appréhender sa première entrevue avec son futur mari. Amant. Tyran. Elle parvint bientôt à la grande place. Un monde fou s’était réuni pour voir cet heureux évènement, mais personne dans la foule ne se doutait de l’état de tristesse que ressentait la jeune demoiselle. Les chevaux s’arrêtèrent, un homme ouvrit la porte. Son père descendit et lui tendit la main, d’un geste fébrile, Ilsa la prit et descendit à son tour. Elle prit ensuite le bras de son père, qui la conduisit jusqu’à l’église, d’un pas solennel. En arrivant devant la grande porte, il lui murmura à l’oreille qu’il était fière d’elle. Ces mot firent venir les larmes aux yeux de la demoiselle, non pas parce qu’elle était heureuse que son père l’aime, mais parce qu’il lui faisait sciemment signer son arrêt de mort.

L’organiste se mit à jouer la marche nuptiale, père et fille s’avancèrent. Tous les regards étaient braqués sur eux. Tous sauf celui du Tyran. Lui, il regardait ailleurs, vers l’autel, ce qui empêchait Ilsa de voir son visage. Après quelques secondes, qui semblèrent aussi longues que des heures pour la jeune femme, ils arrivèrent devant le prêtre. C’est seulement à ce moment la, qu’elle vit son futur mari, de profil seulement. On aurait dit qu’il évitait de la regarder.
Cependant, alors qu’elle était en train de se demander pourquoi, il tourna son visage vers elle et leurs regards se croisèrent. La demoiselle fut surprise. Les yeux de cet homme étaient de la couleur des nuages quand il fait tempête, gris sombre et de plusieurs teintes. Si étranges. Elle se rendit alors compte que les portraits qu’elle avait eût de lui étaient bien médiocres. Rien ne pouvait immortaliser la beauté qui émanait de lui. Au moins aurait-elle pour consolation d’avoir un geôlier semblable à un Adonis. Pendant qu’ils s’appréciaient l’un l’autre, le prêtre commença son sermon. A ce moment là, il perdit cet air si froid qu’il avait entretenu jusqu’ici et il lui sourit. Sans savoir pourquoi, sans même s’en rendre compte, elle lui rendit son sourire et cela contre sa propre volonté. A partir de ce moment, le temps sembla s’arrêter complètement. Elle s’était perdue dans l’infini orage de ses pupilles. Puis, le temps reprit son cours. Pendant cet infime instant, Ilsa s’était sentie transportée, mais elle ne savait où. Maintenant, elle ne ressentait plus d’appréhension, plus rien. Son cœur était un véritable néant. Elle avait seulement hâte que cela finisse.

Après que le prêtre ait dit « Mademoiselle Ilsa, Isobel, Yrène, ter Wolhemne, voulez vous prendre Monsieur James, Godrik, Bennet duc of Bywell pour époux ? » et qu’elle ait répondu un petit « oui » et que son époux eût fait la même chose, ils se retrouvèrent tous deux confrontés au moment du baisé. Ilsa sentit alors les larmes lui monter aux yeux. Elle ne voulait pas de cet homme. Pas le moins du monde. Elle baissa les yeux, tremblante, tout en faisant ce qu’elle pouvait pour ne rien laisser paraître. La main marmoréenne de son mari vint se poser sur son menton avec une extrême douceur, il releva le visage d’Ilsa. Leurs yeux se rencontrèrent pour la seconde fois et la jeune femme sentit son cœur se serrer. Ses larmes perlèrent sans qu’elle puisse y faire quelque chose. Heureusement, personne ne pouvait comprendre que c’était la tristesse qui la dévorait. Leur deux bouches s’approchèrent l’une de l’autre et au dernier moment, James Bennet, car tel était son nom, changea la trajectoire de ses lèvres, si bien qu’ils ne se firent qu’une bise sur la joue.

Des applaudissements retentirent, des félicitations et des vivats. Mais la jeune femme était transportée dans un ailleurs. Elle ne revenait pas de ce que cet homme avait fait. Il ne s’était pas emparé d’elle. Il ne s’était pas imposé. S’était elle trompée sur son compte ? Elle se rappela alors de son sourire fugace.



Plus tard le soir, après le banquet, après les conversations et de nouvelles félicitations, Ilsa se retrouva seule avec James. Elle ne lui avait encore jamais parlé. Et sa simple présence l’effrayait. Elle devrait lui obéir comme toute femme qui se respecte, comme à chaque nuit de noces. On attendrait d’elle que leur mariage soit consommé et qu’elle lui fasse des enfants. A cet instant, elle appréhendait fortement ce qui allait se produire, en tant que femme libre, mais aussi comme une vierge. Pendant qu’elle retirait ses nombreux apparats, assise devant une commode avec un miroir, il se contentait de la regarder d’un œil distrait, assit dans un fauteuil moelleux près de la fenêtre entrouverte d’où filtrait la lumière de la lune presque ronde. Le silence oppressait Ilsa. Alors voilà à quoi ressemblerait son avenir ?

Au moment ou la jeune femme commença à retirer les perles de ses cheveux, il se leva et s’approcha sans bruit, si bien qu’elle sursauta lorsqu’elle vit son reflet dans le miroir. Il se tenait derrière elle, mais elle ne pouvait voir son visage. Il lui sembla effrayant à la lueur de la bougie. Elle se sentit frissonner et retint un soupir angoissé. Sans un mot, il commença à retirer les perles de nacres de sur leur nid corbeau. Il opérait doucement, avec adresse. Ensuite, une fois que ses cheveux furent nus de leurs bijoux, il lui dénoua son chignon et ses tresses, qui retombèrent en cascade sur ses épaules et jusqu’au bas de son dos. Puis cet homme tendit le bras au dessus d’elle et s’empara de son peigne et s’attela à démêler sa crinière. Le silence restait complet. Ilsa s’étonnait avec quelle douceur il se consacrait de sa chevelure, pas une seule fois elle n’eût à se plaindre qu’il la lui tira. Cette promiscuité avec un homme rendait la demoiselle nerveuse. Elle était loin de s’être attendue à ça. Lentement, le nœud durement noué dans son ventre se détendait. Dans l’angle de son miroir, elle voyait enfin son visage et tandis que ses yeux étaient occupés ailleurs, elle prit le loisir de le contempler.

Quand il eût finit de la brosser, James reposa le peigne sur la commode, puis se contenta de rester derrière elle, à la regarder par le miroir. Elle faisait de même et ils restèrent ainsi un long moment. Puis n’en pouvant plus, Ilsa repoussa son tabouret, se leva et se tourna face à son époux. Elle le dévisagea à nouveau. Il était bien plus grand qu’elle ne l’était, il avait de longs cheveux blond, si clairs qu’avec le peu de lumière ils lui paraissaient blancs, le teint clair, sa peau semblait douce, son visage avait perdu sa solennité. Il lui paraissait moins effrayant maintenant. Elle laissa glisser rapidement ses yeux le long de son corps, athlétique et svelte. Il aimait certainement la chasse. Tout ceci n’était qu’apparence, elle ne pouvait en tirer de réelles conclusions. Ilsa voulait savoir ce qu’il en était à l’intérieur de lui, mais c’était une chose fort difficile à faire. Surtout qu’elle hésitait à prendre la parole pour engager la conversation.


Soudain, il lui prit la main et la conduit jusqu’au lit. Anxieuse, après une courte hésitation qu’il ne manqua pas de remarquer, elle le suivit, réssignée, ne pouvant faire autrement. Il s’assit sur le rebord, elle fit de même dans un frottement de tissus. Il s’éclaircit la gorge, plus pour la forme que pour une véritable utilité.

- Ne soyez pas si effrayée, je ne vous ferais rien. Cette réplique fit hausser imperceptiblement les sourcils d’Ilsa. Je ne compte vous forcer à rien, j’attendrais et le moment venu, vous prendrez votre décision. En attendant, je veux que nous parlions. Faisons connaissance, car c’est par là que débute l’amitié. La demoiselle allait de surprises en surprises. Parlez-moi de vous, ensuite je vous expliquerais qui je suis.

Puis il se tût. Ilsa sentit une énorme tension lui retomber sur les épaules.

- Je-je ne sais que dire, dit-elle la voix enrouée, elle regarda ses mains, puis sa robe. En fait elle se sentait à l’étroit dans son corset, dans cette horrible robe qui était pourtant si belle. Elle hésita puis dit fermement : Je dois me mettre à l’aise, pourriez vous m’aider ?

Cela du étonner son époux, puis un sourire en coin se dessina au bord se ses lèvres. Mais, sans un mot, il lui vint en aide. Ilsa se défit de son corset et de la robe, ainsi elle se trouva seulement vêtue d’une longue chemise ample, sans manche, qui lui descendait jusqu’aux chevilles. Pour ne pas qu’elle prenne froid, James, serviable, déposa sur ses épaules l’un des tissu qui recouvrait leur lit. Ilsa se sentit mieux et étrangement, elle ne se sentait pas si observée qu’elle l’aurait cru. C’était un homme pourtant. Jamais elle n’avait été dans un tel accoutrement en présence masculine. Cela venait surement du fait qu’il lui avait commencé à créer une aura de confiance, il lui avait offert le droit de disposer de son corps et il semblait prêt à s’y tenir. Tout était si étrange ! C’est ainsi que la jeune femme décida de se laisser aller et que si elle faisait une bêtise, il ne s’en offusquerait pas. C’était son impression et elle s’avéra bonne.

Il voulait en apprendre plus sur qui elle était. Elle commença donc à lui raconter quelques anecdotes sans importance et quelques impressions, puis elle parla de son enfance, de ceci et cela. Petit à petit elle se livra à lui, elle ne se retenait pas, un flot de paroles coulait de ses lèvres sans qu’elle puisse les retenir. A certain moment, il lui arrivait de rire et cela entrainait un sourire de son interlocuteur Bennet. Par deux fois elle réussi à le dérider au point qu’elle entendit son rire à lui aussi. Au bout de quelques heures, Ilsa s’arrêta de parler car sa gorge lui faisait mal, sans attendre, James partit lui remplir un verre d’eau et le lui tendit. Elle but puis lui demanda s’il ne voulait pas prendre la relève. Comme s’il n’attendait que ça, son mari se mit à parler, mais de façon ordonnée et chronologique, il commença par ses origines, son enfance, puis remonta rapidement jusqu’à son arrivée ici. Ilsa se dit que ce n’était pas la première fois qu’il racontait sa vie à quelqu’un. Ils étaient maintenant allongés tous les deux sur le lit et regardaient le plafond. Ilsa n’aurait jamais cru que cette nuit se passerait de cette manière. Elle bailla comme une carpe et s’excusa, la fatigue la prenait. James lui demanda alors :

- Avant que vous ne dormiez, pourriez vous m’accorder une dernière chose ?

- Certainement, répondit-elle.

- Eprouvez vous moins d’hostilité à mon égard depuis que l’on c’est ainsi parlé ?

Elle lui répondit que oui, bien sur et il lui sourit. On regard était si plein de franchise. Elle se sentait plus proche de lui que de personne d’autre jusqu’ici. Ensuite il lui demanda de l’écouter encore un peu avant de dormir. Elle accepta, mais avant qu’il ne parle elle se blottit contre lui, n’ayant plus peur, heureuse de sa chance. Cela surprit grandement le noble qui pendant un instant resta sans voix. Puis il commença à parler, tout en caressant les cheveux de sa femme. Car elle l’était et semblait y prendre gout.

- J’ai omis une chose importante sur ma vie et j’aimerais vous en parler. J’espère que vous n’allez pas vous mettre à hurler ou à me frapper, cela me ferait vraiment de la peine. Croyez-moi, je vous le dit dès ce soir pour ne pas vous mentir. J’en serais honteux. La jeune femme se redressa et s’assit, il lui prit la main et se mit en face d’elle.

 

Ce qu’il venait de dire l’avait totalement réveillée. Elle était soudain sur le qui vive. Quelque chose d’affreux allait se produire.

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Commentaires
N
La suite! La suite!<br /> <br /> <br /> <br /> Ton récit est poétique, prenant, haletant! C'est vraiment une histoire peu banale et très bien écrite. Ton personnage a un fond profond (XD) et cela nous donne sur le forum une femme mystérieuse, envoûtante et mélancolique, parfaite pour jouer un grand rôle!<br /> <br /> <br /> <br /> ;)
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